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Du nouveau sur les origines de l’islam
Quand la conquête est un outil pour le Salut de la Terre
Entretien avec Edouard-Marie Gallez réalisé par Guillaume de Tanoüarn et Romain Koller
Objections - n°2 - janv
ier 2006

Retour vers la présentation de l'entretien


Vous venez de publier plus de 1000 pages sur les origines de l’Islam, un sujet tabou à propos duquel les chercheurs ne se sont guère exprimés que de manière fragmentaire. Cette vaste synthèse – enthousiasmante par les perspectives qu’elle ouvre à notre compréhension du monde présent et de ce qu’il est convenu d’appeler le conflit des trois monothéismes – ne peut pas être le fruit d’une génération spontanée.

Quel est le point de départ de votre recherche?

Vous voyez le résultat d’un travail long, qui a connu plusieurs étapes. L’une des plus décisives fut ma rencontre avec le Père Antoine Moussali, un lazariste libanais, spécialiste des questions islamo-chrétiennes; nous avons collaboré durant sept années, jusqu’à sa mort survenue en 2003. Cette collaboration est à la base de sa contribution à l’ouvrage collectif Vivre avec l’islam?, dirigé par Annie Laurent (1996); cet article annonçait et défrichait un certain nombre de pistes que nous avons continué à suivre, en particulier celles qui ont mené aux deux volumes de ma thèse, Le Messie et son prophète. Le livre du père Moussali, La Croix et le Croissant, publié en 1997, avait d’ailleurs reçu le prix 1998 de l’Académie des sciences sociales. Mais revenons à l’article de 1996 intitulé «Interrogations d’un ami des musulmans». Dans ce texte, les interrogations du Père Moussali partaient d’une analyse précise de quelques versets de la Sourate 5 du Coran.

Je vais être obligé d’entrer dans une démonstration un peu technique. Mais il ne s’agit pas d’un détail : l’analyse qui va suivre évoque l’un des points de départ de cette étude. Il existe une contradiction évidente à tout lecteur entre les deux versets 51 et 82 de la Sourate 5. Au verset 51: «Ô vous qui croyez, ne prenez pas pour amis les juifs et les nazaréens». Au verset 82: «Tu constateras que les hommes les plus proches des croyants par l’amitié sont ceux qui disent: Oui nous sommes nazaréens». D’un côté, on lit qu’il ne faut pas prendre les «naçara » pour amis. De l’autre, les «naçara» sont les plus proches et se disent les amis des croyants. Comment expliquer cette contradiction terme à terme? Il faut bien supposer – sauf à penser que les contradictions seraient normales dans le Coran – que les naçara du verset 51 ne désignent pas le même groupe de personnes que les naçara du verset 82. Le Père Moussali, qui pouvait psalmodier les versets arabes du Coran à la manière d’un muezzin, a mis en lumière la rupture de rythme qui affecte le verset 51 : la mention «et les nazaréens» est de trop, elle rompt le phrasé originel. Il doit donc s’agir d’un ajout, évidemment tardif. Dans quel but? Il convient de se demander à quels groupes renvoient ces deux emplois du terme de «nazaréens». Dans l’ajout en question, le terme désigne nécessairement les chrétiens au sens large – c’est ce sens qui est habituel aujourd’hui en arabe – car ils ne pouvaient évidemment pas être les amis des proto-musulmans. En revanche, au verset 82 où il est question des plus proches amis des croyants, il ne peut pas s’agir de ces mêmes «chrétiens». Hamidullah, dans la version bilingue du Coran qu’il a établie refuse de traduire ici le mot naçara par chrétiens. Il écrit: «Nazaréens» ainsi qu’à divers autres endroits, expliquant en note de l’un d’entre eux: «Nazaréens, terme désignant une secte judéo-chrétienne». Dans l’esprit des feuillets primitifs du Coran, on ne peut donc pas traduire naçara par “chrétiens, ayant la foi trinitaire”.


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