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Un an
après… - Rétrospective
Abbé Paul Aulagnier
Objections - n°5 - avril 2006
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Nous
sommes à un moment important du Pontificat de Benoît XVI. Voilà un an que la
Providence lui a mis en mains le gouvernement de l’Église. C’est
beaucoup pour quelqu’un qui était déjà aux affaires depuis si longtemps, au
cœur même de l’Église avec le rôle important de Préfet de la
Congrégation de la Défense de la foi et qui avait pris tant d’ascendant,
après 1988, sur le Pontife Jean-Paul II.
En
matière liturgique, Benoît XVI va prendre des décisions. Nous sommes même à
l’orée, me semble-t-il, de décisions concrètes et pratiques.
J’ose
donner mon sentiment… ?
Il
vient de terminer les consultations. Le Synode qu’il a présidé en octobre
2005 - et avec quelle attention -, a porté sur le mystère de l’Eucharistie…
Il a pu entendre toute l’Église, tout le corps épiscopal par la voix de ses
légitimes représentants. Tout
dernièrement encore, le 23 mars dernier, quelques heures avant le Consistoire,
il a interrogé son « Sénat » sur les questions cruciales de l’heure, et en
particulier sur la liturgie.
On sait
que la question de la messe tridentine fut abordée ainsi que son droit dans l’Église…
Question qui agite, il est vrai, depuis plus de trente ans, le monde ecclésial…
Et à juste titre. La
justice, en cette affaire, a été lésée. On a laissé croire à la
chrétienté que la messe traditionnelle, latine et grégorienne selon le missel
de saint Pie V avait été abolie. Ce qui était faux. Il
est temps que le Pape dise le droit et l’accomplisse lui-même. On
sait également l’importance que la liturgie revêt aux yeux de Benoît XVI.
Il n’a cessé d’écrire sur ce sujet. Beaucoup de ses livres traitent de la
liturgie. Souvenez-vous de son beau livre : « L’esprit de la liturgie » dont
l’édition française a été publiée en 2001. Il a écrit et dit vouloir que
ce « conflit » liturgique cesse. Il le disait dans son livre : « Voici quel
est notre Dieu » : « Pour la formation de la conscience dans le domaine de la
liturgie, il est important aussi de cesser de bannir la forme de la liturgie en
vigueur jusqu’en 1970. Celui qui, à l’heure actuelle, intervient pour la
validité de cette liturgie, ou qui la pratique, est traité comme un lépreux.
(Quel est notre Dieu. p. 291). Déjà en 1997, dans son livre « le Sel de la
Terre », il écrivait : « je suis certes d’avis que l’on devrait accorder
beaucoup plus généreusement à tous ceux qui le souhaitent le droit de
conserver l’ancien rite » (Le sel de la Terre p. 172).
Il
y a tout de même une constante…
Pour
toutes ces raisons, sans oublier aussi et surtout l’action du Saint-Esprit sur
l’Église, je pense que le pape ne va pas tarder à apporter des solutions en
cette matière vitale : la liturgique.
Il
serait bon que cette « solution » s’inscrive aussi dans la « normalisation
» de la FSSPX. C’eut
été, je pense, une bonne chose. On sait aujourd’hui que ce ne sera pas le
cas par la volonté expresse des autorités de la FSSPX… Il faut maintenant
attendre le prochain chapitre général qui se tiendra en juillet 2006.
Tout
compte fait, je me demande si cela n’est pas providentiel, sous un certain
rapport. Que le pape dise le droit indépendamment du « règlement »
ecclésial de la FSSPX assurera plus de force à sa décision. On ne pourra pas
invoquer une quelconque pression… Sa décision sera ainsi plus libre et plus
forte. Il va affirmer le droit, en soi, de la messe dite de saint Pie V.
Je
pense aussi qu’il va lever l’excommunication des quatre évêques sacrés
par Mgr Lefebvre, - son bon vouloir sera ainsi prouvé… sans enlever,
toutefois, les « suspens a divinis ». Cela supposerait une nécessaire bonne
volonté… comme celle manifestée, en son temps, par Mgr Rangel, de l’association
Saint Jean Marie Vianney, de Campos.
Mais ce
retour – si c’est le cas - de la messe tridentine n’a pu se faire en un
jour. Je ne crois pas aux « générations spontanées ». Ce résultat tant
attendu aura été le fruit d’un long processus qui prend son origine dans la
résistance « catholique », dès 1969.
Honneur
à ceux-ci !
L’histoire
retiendra l’impact de la résistance de fidèles, de prêtres et de deux
évêques : Mgr de Castro Mayer et de Mgr Lefebvre. Cette résistance opiniâtre
et surnaturelle, pour l’amour de l’Église, aura, de fait, permis ce retour
de la messe, de sa liturgie et de son « missel romain ». N’oublions pas ce
qu’écrivait en janvier 1970, Jean Madiran : « Que l’on n’imagine pas que
l’on pourra aisément faire aller et retour d’une messe à l’autre. Ce qui
est interrompu sera perdu pour longtemps…. Ce qui est arraché ne reprendra
pas racine. Non… Ceux qui ont la possibilité de maintenir, fut-ce à l’écart,
en petits groupes, en catacombes ou en en ermitages, la liturgie romaine et le
chant grégorien, en tiennent le sort historique entre leurs mains : ils ont la
responsabilité d’en assurer, tout au long de l’hiver dans lequel nous
sommes entrés, la transmission vivante et ininterrompue…» (Editoriaux tome
II, p. 243)
Et de
fait, au prix d’une vraie bataille éprouvante… la messe tridentine est
revenue doucement, à petits pas. Un premier succès arriva en 1984, avec la
messe dite de l’indult : une lettre de Jean-Paul II appelée « Quattuor
abhinc annos » permettait
à l’évêque résident d’en concéder la possibilité à des fidèles la
demandant. On la croyait à jamais interdite… Elle fut donnée au
compte-gouttes. Puis le second succès, fut le Motu Proprio de Jean Paul II «
Ecclesia Dei », en 1988, après les sacres faits par Mgr Lefebvre. Là,
le pape demandait instamment aux évêques d’être, en cette affaire, plus
généreux. Ce retour de la messe se faisait toutefois au milieu d’oppositions
et de contradictions. Beaucoup d’épiscopats traînaient les pieds… En 1999,
la Fraternité saint Pierre en sut quelque chose… Mais même au milieu de ces
contradictions et oppositions, tout un courant de cardinaux travaillait et
faisait remarquer que l’ancienne messe n’était pas abrogée. Ce sont
essentiellement, les cardinaux Stickler et Ratzinger. L’un et l’autre se
mettent à défendre la messe de Saint Pie V et à critiquer la « réforme liturgique
» en elle-même et surtout celle pratiquée dans les paroisses… qui a vidé
tant et tant d’églises de leurs fidèles…
C’est alors que put se régler l’affaire des pères de Campos avec la
création d’une Administration apostolique ayant, de par la volonté du pape,
Jean-Paul II, la « facultas » de
dire la messe traditionnelle. Elle devenait le « rit propre » de l’institut.
C’était extraordinairement nouveau. Nous étions en 2002. Puis arriva enfin l’encyclique
de Jean Paul II sur l’Eucharistie : « Ecclesia de Eucharistia », en avril
2003. Là, pour la première fois, l’autorité prenait en compte les critiques
du « Bref Examen Critique » présenté, jadis, en 1969 au Pape Paul VI par le
cardinal Ottaviani. C’est alors qu’arriva d’une manière très heureuse,
la célébration de la messe tridentine par le cardinal Castrillon Hoyos à
Rome, à sainte Marie-Majeure, le 24 mai 2003…
Telles
sont les grandes étapes que l’Histoire retiendra. Avec l’ultime date :
celle du document de BenoÎt XVI… Quel en sera la date ?
Abbé
Paul Aulagnier
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