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misto
Roman Spotter
Objections - n°5 - avril 2006
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Benoît
XVI : un «acte manqué»?
Officiellement, personne n'en a parlé. Même
les médias, pourtant attentifs aux moindres faits, gestes, voire aux détails
vestimentaires du Saint Père, semblent avoir été frappés de cécité.
Pourtant… Comment qualifier cela ? Erreur, anecdote, maladresse, « acte
manqué » ? Je ne sais trop, mais je vous révèle le fait : il me vient d'un
prêtre ami résident à Rome et qui était présent, avec mille autres de ses
confrères, lors de la célébration par Benoît XVI de la Messe Chrismale,
Jeudi Saint 13 avril. Au moment de la Consécration du pain, le Saint Père
prononce les paroles, génuflecte, se relève et ostente la Sainte Hostie.
Rumeurs parmi les concélébrants, car il s'agit là de la manière de procéder
selon… l'ancien rite. Dans le Nouvel Ordo, le célébrant prononce les
paroles, élève puis génuflecte ! Réalisant son « erreur » (mais en
était-ce une ?), le Pape en reviendra aux rubriques du NOM pour la
Consécration du vin. Mon ami prêtre n'en croyait pas ses yeux mais, après la
Messe, un de ses confrères également présent lui confirma qu'il n'avait pas
eu la berlue : « Tu as vu ça ! une génuflection avant l'élévation ? ».
Qu'en penser ? Je ne sais trop, mais cet « incident » a, pendant quelques
jours, donné corps à une rumeur persistante à Rome qui prétend que le Saint
Père célèbre sa Messe privée selon l'ancien Ordo, et que ce serait une des
raisons pour laquelle personne n'y est invité contrairement à l'usage du
précédent pontificat.
Sorrentino
: promoveatur ut amoveatur ?
On s'est beaucoup interrogé en France sur le
départ de Mgr Domenico Sorrentino de son poste de secrétaire de la
Congrégation pour le culte divin (CCD), et sa « promotion » chez les
Franciscains d'Assise. Ici, à Rome, une explication circule. Elle ne manque pas
de vraisemblance. Tout le monde sait que Sorrentino est tout sauf bien disposé
envers la messe traditionnelle et que, même depuis l'élection de Benoît XVI,
son hostilité demeure inentamée, ce qui n'est guère « politique » eu égard
aux sentiments du nouveau Pape sur cette question. Ce qu'on ignore, par contre,
c'est qu'en septembre-octobre 2005 – la date exacte ne nous est pas encore
connue –, Sorrentino a fait signer par son patron, le cardinal Arinze, et a
co-signé lui-même, un « mémoire secret », par lui rédigé, et l'a
expédié à quelques responsables de dicastères choisis. On murmure que le
Saint Père n'était pas sur la liste de diffusion restreinte… Nouvelle
maladresse peu « politique », car le Pape en aura eu indirectement
connaissance. Que contenait ce « mémoire secret » ? L'affirmation que la
liturgie traditionnelle « était abolie », définitivement. Cette incongruité
fut révélée par un journaliste italien le 22 octobre 2005, à la veille de
l'ouverture du synode sur l'Eucharistie. Moins d'un mois plus tard, le 29
novembre, le Bollettino de la salle de presse du Saint-Siège, annonçait que
Mgr Sorrentino était démis de ses fonctions à la CCD et « promu » à Assise…
Personne, à Rome, ne voit cela comme une « promotion » mais comme nouvel
exemple de l'adage promoveatur ut amoveatur (promu comme… éloigné). Le
message du Saint Père était clair, et le sera encore plus quand Benoît XVI
nommera, le 10 décembre, au poste de Sorrentino, l'archevêque Albert Ranjith,
alors nonce au Sri Lanka, dont on n'ignore pas qu'il est favorable à la Messe
traditionnelle (il la célèbre à l'occasion) et à la « réforme de la
réforme » du nouveau Missel voulue par le Pape. Encore un signe… des temps!
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