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Première
année
Abbé G. de Tanoüarn
Objections - n°4 - mars 2006
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L'Église
catholique, nous le montrons dans tout ce numéro, ne peut pas faire l'économie
de cette charpente qu'est son dogme, de ces poutres maîtresses, de ces fermes
immuables que sont ses rites, enracinés dans la romanité la plus authentique,
celle des apôtres et des martyrs. Ce à quoi nous assistons aujourd'hui, c'est
à la vulgarisation de l'urgence antimoderniste, ce qui se déroule sous nos
yeux, c'est une radicalisation des positions: voulons-nous être les enfants
d'une herméneutique de la croyance, sorte de mutants à géométrie variable,
qui par définition seraient en voie de disparition, ou bien saurons-nous
demeurer fils de notre foi ? La question est aussi simple que cela. Le moment
n'est pas à des combats de chapelle; voilà pourquoi nous ne perdons pas une
occasion de nous déclarer “tradiœcuméniques”. Il ne s'agit pas de
demeurer sur ses acquis «comme un avare sur son tas d'or», ainsi que
l'indiquait Mgr Fellay en un autre contexte. Il faut que nous soyons capables de
transmettre. C'est cela, la vraie foi.
Dans
ce combat pour la transmission de la foi, il y a un peu partout les paroisses,
les prieurés et les communautés catholiques traditionnelles : elles sont
indispensables ! Il faut y veiller comme à la prunelle de nos yeux. Il y a les
écoles, pour permettre aux enfants qui ne tiendraient pas le choc dans d'autres
contextes, de garder la foi et de grandir dans la sagesse de l'Église. Il y a
aussi ce que nous faisons à Objections et au Centre Saint Paul pour
défendre et illustrer une véritable culture chrétienne, pour fixer un regard
chrétien sur le monde et sur les gens, pour développer une intelligence
chrétienne de la vie.
Nous
allons fêter le 1er mai prochain, fête de saint Joseph, le premier
anniversaire du Centre Saint Paul. Partis de rien, nous existons, nous touchons
250 fidèles chaque dimanche à la messe et aux Vêpres, nous rayonnons auprès
d'un millier de personnes et nous proposons des cours et des conférences de
toutes sortes. Et une revue !
J'ai
la faiblesse de penser que sans ce combat fondamental, non seulement pour la
liturgie, mais pour la théologie et pour la richesse de la culture chrétienne,
les autres, à plus ou moins brève échéance, sont des combats perdus et des
causes désespérées. C'est que, comme le dit et le répète Mgr Williamson, la
grâce ne s'enracine que dans des natures disposées à la recevoir. Sans une
véritable culture qui la soutienne, sans une pensée, sans une vie intérieure,
la foi s'étiole ; les hommes debout deviennent des chiens couchés. Si nous
n'avons pas au cœur cet amour de la vérité chrétienne, servie pour
elle-même, sans marchandage ni concessions, nous resterons stériles et sans
fruits.
Notre
objectif au Centre culturel Saint Paul? Essayer de comprendre pour continuer à
aimer, c'est-à-dire à prier, à entreprendre et aussi à servir, partout où
nous le pouvons ce qui est plus grand que nous, une famille, une nation, Dieu.
Ou l'Église tout simplement.
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