| |
Y’a
bon Chirac !
Editorial, par
Laurent Lineuil
Objections
- n°3 - février 2006 |
À
la trappe, donc, l’article 4 de la loi du 23 février 2005, qui n’édictait
pourtant pas une vérité historique officielle, mais demandait que les
programmes scolaires reconnaissent « le rôle positif de la présence
française outre-mer» (ce qui n’est certes pas le rôle d’une loi, mais la
faute à qui si le ministère de l’Education n’assure pas l’impartialité
des manuels ?).Ainsi en a décidé Jacques Chirac, dix ans après avoir
lui-même témoigné « le respect, l’admiration et la reconnaissance» que
nous devons à ceux «qui ont contribué à la grandeur de notre pays en
incarnant l’œuvre civilisatrice de la France ». Que s’est-il passé
entre-temps? La montée en puissance d’associations censément
représentatives de minorités à la croissance aussi galopante qu’incontrôlée,
qui ont mis la République, pourtant supposée la garante idéale de l’unité
française, en coupe réglée. Car le psychodrame de l’article 4 n’est pas
un événement isolé, mais un signe parmi d’autres de la mise en examen de l’identité
française qui restera comme l’unique bilan du sous-président Chirac.
Car
il ne s’agissait pas, bien sûr, de protéger la recherche historique, mais
seulement de s’incliner devant les exigences de ces minorités qui refusent d’assumer
l’histoire du pays dont elles se veulent pourtant membre à part entière,
avec tous les droits afférents. En a-t-on profité, comme le réclamaient les
historiens de tous bords, pour abroger les autres lois mémorielles, loi Gayssot
ou loi Taubira ? Evidemment non. Non seulement la loi Taubira, qui ne se
contente pas de régenter les programmes scolaires mais édicte, elle, une
vérité officielle sur l’esclavage, vérité d’ailleurs très partiale,
puisqu’elle “oublie” les responsabilités islamiques et africaines en la
matière, n’a pas été abolie, mais elle est comme sanctuarisée par le choix
de la date du 10 mai, jour de son adoption, pour commémorer la fin de l’esclavage.
Or c’est cette loi qui a permis à une association noire de menacer des
tribunaux un historien, Olivier Pétré-Grenouilleau, qui se refuse à cette
étrange amnésie!
C’est
la même association qui, agitant la menace d’un procès, a contraint la
société Nutrimaine à abdiquer la propriété intellectuelle du slogan “Y’a
bon Banania”, quelle n’utilisait pourtant plus mais dont la seule présence
au fond de ses placards était jugée «attentatoire à la dignité
humaine».Voici donc le passé réécrit, le gentil tirailleur sénégalais
précipité dans les gigantesques marmites de nos hontes recuites, jeté dans
les poubelles de l’histoire comme un vulgaire trotskiste sur les photos
staliniennes.
Si
l’on ajoute que le député Christian Vanneste vient d’être condamné
pénalement pour homophobie, en vertu d’une loi imposée à sa majorité par
Jacques Chirac, pour avoir affirmé l’infériorité morale du comportement
homosexuel, et qu’une partie non négligeable de l’opinion et des médias se
sont ralliés aux injonctions de se plier aux interdits de l’Islam, notamment
celui de représenter Mahomet, comme si la France était d’ores et déjà
terre islamique, on voit qu’il est en effet urgent de lutter contre l’esclavage.
Mais un esclavage d’un nouveau genre, imposé avec une opiniâtreté qui est
la seule qu’aient jamais montrée des gouvernements dits de droite qui se
veulent pourtant défenseurs des libertés : l’esclavage du politiquement
correct, le joug de la repentance universelle, le servage de la haine de soi et
du reniement perpétuel, le tribut exorbitant payé et repayé à des minorités
de plus en plus revendicatives et haineuses, la sujétion à la préférence
exclusive du lointain sur le prochain. Cet esclavage-là attend toujours son
Victor Schœlcher et sa loi Taubira. Si nous ne nous employons pas à secouer
nos chaînes, nous risquons fort de les attendre longtemps.
|