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Devoir
d'histoire
LMS
Objections - n°2 - janvier 2006
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Charles
VII,
Éditions Perrin, Paris, 850 p., 26 €
Comment
avoir son mot à dire quand l’on vit au siècle de Jeanne d’Arc? La bergère
de Domrémy écrase les médiocres et davantage encore les calculateurs
politiques. Pourtant, Georges Minois, dans sa biographie fleuve de Charles VII,
un roi Shakespearien, réussit à réhabiliter un personnage méconnu et encore
moins populaire. En effet, le petit roi de Bourges, sacré à Reims au bout de
sept terribles années, vit et agit sur une époque charnière, celle du crépuscule
des temps médiévaux qui annonce l’aube d’une nouvelle royauté. Ainsi sont
posées les bases de l’État moderne, notamment par la création d’une armée
permanente et d’une fiscalité unique. Inquiet mais lucide, le fils
d’Isabeau de Bavière et du roi fou Charles VI achève le rêve de la pucelle
d’Orléans afin que la France, libérée aussi de ses grands féodaux,
redevienne la première puissance du continent.
Il
s’agit ni plus ni moins que d’une renaissance à laquelle Charles de Valois
participa pleinement. Lui enlever ce mérite serait une erreur.
Bismarck,
de la Prusse à l’Allemagne
Alvik Éditions, Paris, 335 p., 18 €
«
Réactionnaire rouge» ou « Révolutionnaire blanc »? Telle est l’équation
que l’excellent Jean-Paul Bled tente de résoudre dans un portrait tout en
finesse d’un des grands mythes de l’histoire allemande. Ambivalent, Bismarck
le fut sans aucun doute. Admirable politique, ce pragmatique qui domine le XIXè
siècle eut le mérite de connaître les limites de son œuvre tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur des frontières. Cependant, il posa les prémisses des
grands conflits mondiaux de la première moitié du XXè siècle. Mais d’un
point de vue idéologique et même politique, il serait erroné de faire du
ministre-chancelier un précurseur de la folie hitlérienne : « Là où
Bismarck définit, après 1871, l’Allemagne comme une « nation saturée » et
conforme sa politique à ce constat. Hitler ne fixe pas de limite à sa volonté
de puissance. » Bismarck reste malgré tout le père de l’unité allemande,
« l’accoucheur » comme il se définissait lui-même, ayant mis au monde un
enfant terrible qui bouleversa l’histoire géopolitique de l’Europe jusqu’à
nos jours.
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