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Aux
Etats-Unis, une ère Gibson ?
Daniel Hamiche
Objections - n°2 - janvier 2006 |
Sans
ménagement excessif, Bill Donohue, président de la Catholic League, à propos
des “nominations” aux Oscars 2005, dénonçait les “valeurs” promues par
Hollywood. En résumé: euthanasie,
suicide, avortement, communisme, homosexualité et pédophilie. Le
tout sur fond d’exécration du catholicisme. Vraiment pas de quoi entonner un
Te Deum…
Et
pourtant… La Passion de Gibson a douloureusement fait découvrir aux majors d’Hollywood
qu’il y avait un “gisement” de public qu’elles avaient ignoré ou snobé
depuis une génération : les chrétiens! Hollywood étant une industrie dont le
dieu est le billet vert, c’est en regardant, gorge sèche et mains liées dans
le dos, Gibson compter les siens – 612 millions de petites coupures d’un
dollar – qu’elles sont revenues à des sentiments plus commercialement
avisés.
Observons
le cas des Studios Disney. Cette belle entreprise cinématographique qui s’était
illustrée, pendant de si nombreuses années, dans la production de films
pétris de valeurs morales et destinés à toute la famille et à toutes les
familles, est brusquement passée d’un atelier à rêves à l’usine de
cauchemars: violence gratuite, laideur, relativisme moral… Sans vraiment en
tirer profit: la branche cinéma du groupe a encore perdu 300 millions de
dollars l’été dernier…
Les
leçons du billet vert
Or
Disney avait dans ses tiroirs, depuis plus de dix ans, le projet d’une
adaptation cinématographique des Chroniques de Narnia de C.S. Lewis, un très
grand classique populaire dans le monde anglo-saxon doublé, si l’on veut bien
me passer l’expression, d’un para Évangile. Il
faut croire que le Carême porte conseil à Hollywood, puisque dans la semaine
qui suivit le mercredi des Cendres 2004, jour de sortie de La Passion, et au vu
des foules qui s’y précipitèrent, Disney donna le feu vert pour le tournage
des Chroniques de Narnia et, deux précautions valant mieux qu’une, requit les
services de Motive Marketing, l’entreprise qui contribua au succès de La
Passion. Une bonne action est toujours récompensée: le film qui a coûté 180
millions de dollars, en a déjà rapporté près de 110, en trois jours d’exploitation
! Et il est à parier qu’il en rapportera cinq à dix fois plus. Les
Chroniques étant au nombre de sept, les prochains “films de Noël” de
Disney, pour les six prochaines années, ne sont pas bien difficiles à deviner…
Dans
un autre genre cinématographique, Sony – qui a racheté la major
hollywoodienne Columbia –, a également décidé du tournage de The Exorcism
of Emily Rose, dans les jours qui ont suivi la sortie de La Passion… Ce film,
réalisé par un chrétien pratiquant, a reçu un vibrant accueil des milieux
catholiques américains. Pour un coût de
19 millions de dollars, il en a déjà rapporté 130, en 60 jours d’exploitation.
Certes, tout cela ne fait pas un printemps
du cinéma chrétien, mais il pourrait en constituer le prodrome.
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